La fragilité économique des élevages de bovins viande, en lien avec des prix de vente inférieurs aux coûts de production, rend ces derniers particulièrement dépendants de la PAC. Quoiqu'en disent les discours officiels, la réforme dont essayent d'accoucher le Ministre de l'agriculture et la FNSEA, va être terrible pour ces producteurs, sans oublier leurs salariés.
Des aides couplées pillées par la FNPL
Par ses propositions de découplage total, la Coordination Rurale espérait a minima conserver les enveloppes dédiées aux éleveurs de bovins viande. Mais à travers le choix du couplage de Stéphane Le Foll, la FNPL, avec la bénédiction de sa maison mère, a eu tout le loisir de détourner des financements pour la filière laitière ; pour la filière et non pour les éleveurs laitiers. La facture est salée pour les producteurs de viande bovine : 25 millions d'euros.
200 €/PMTVA, et la suite…
Depuis le début des concertations, le Ministre de l'agriculture promet une PMTVA (1) de 200 €. Il est facile de se faire plaisir en annonçant un tel chiffre mais il est plus difficile de s'y tenir. Ce montant ne sera certainement pas atteint, même pour les quarante premières vaches de chaque cheptel.
Désormais, l'ancien professeur d'économie devenu Ministre a du mal à diviser l'enveloppe restante (100 millions d'euros (2)) par le nombre de vaches à primer. Stéphane Le Foll semble jouer la montre en espérant peut-être un éventuel remaniement ministériel, pour laisser à son successeur le soin d'assumer la faiblesse des aides.
Les éleveurs à la tête de petits ou de gros cheptels, sont d'ores et déjà prêts à l'aider à faire ses cartons.
Les éleveurs perdants aussi sur la convergence
La réforme de la PAC ne s’arrêtant pas aux aides couplées, la CR et sa section viande souhaitent également rappeler au Ministre que les DPU actuels intègrent 25 % de l'ancienne PMTVA, la PSBM (3) et la PAB (4). Ainsi, la convergence des soutiens découplés pénalisera les naisseurs, les naisseurs-engraisseurs et les engraisseurs. Au moins pas de jaloux.
A l'occasion de cette réforme, le Ministre de l'agriculture n'a pas su prendre en compte l'élevage bovins viande dans sa diversité. La CR et sa section viande souhaitent qu'il prenne enfin conscience que l'élevage se décline sous d'autres formes juridiques que les GAEC, avec de l'emploi salarié par exemple. Pour une PAC en faveur de l'emploi et de l'élevage, c'est un zéro pointé.
1 : Prime au Maintien du Troupeau de Vaches Allaitantes
2 : Estimation de l'enveloppe PMTVA destinée à primer des animaux au-delà de la 40ème vache. Les 40 premières vaches représentent 2,85 millions d'animaux, soit un budget nécessaire estimé à 570 millions d'euros.
3 : Prime Spéciale aux Bovins Mâles
4 : Prime à l'Abattage de Bovins
« Le versement de ces aides a été effectué le 20 mars 2014. Il constitue un apport de trésorerie important pour 19.300 éleveurs qui bénéficient d'une prime pour la production laitière de 6,50 euros pour 1.000 litres, 14.600 éleveurs qui bénéficient d'une aide de 17,50 euros par vache qui vient en complément de la PMTVA (prime au maintien du troupeau de vaches allaitantes) et 3.300 éleveurs qui bénéficient d'une aide à l'engraissement de jeunes bovins à hauteur de 60 euros par animal dans la limite de 24 jeunes bovins », précise le ministère dans un communiqué.
