Une
récente
étude
Européenne,
menée
en
France
par
l'INRA,
a
essayé
de
montrer
les
stratégies
qu'adopteraient
les
agriculteurs
en
cas
de
suppression
totale
des
aides
en
2020.
Il
en
ressort
que
plus
d'un
tiers
des
agriculteurs
arrêteraient
leur
activité
d'ici
à
2020,
notamment
dans
les
zones
à
handicap
naturel.
Il
a
été
aussi
démontré
qu'une
disparition
de
la
PAC
induirait,
de
la
part
des
exploitations
restantes,
un
ralentissement
des
investissements,
une
baisse
de
l'utilisation
des
intrants, et
une
réduction
des
stratégies
d'agrandissement.
La
disparition
de
près
d'un
quart
des
exploitations
actuellement
en
place,
aurait
surtout
des
conséquences
délétères
sur
l'emploi
et
les
dynamiques
sociales
des
territoires
ruraux,
sur
l'environnement,
le
tourisme,
ainsi
que
sur
les
économies
locales
et
régionales.
Cette
mise
en
évidence
du
poids
stratégique
de
l'agriculture
Française
n'a
pas
empêché
le
parlement
Européen
d'adopter,
à
une
large
majorité,
la
réforme
de
la
PAC.
Une
fois
de
plus,
dans
ce
rendez-vous
manqué,
les
ultralibéraux
l'ont
emporté,
laissant
l'agriculture
sans
protection.
La
fin
des
quotas
laitiers
et
sucriers
a
été
actée
et
la
réforme
ne
prévoit
pas
d'installer
des
prix
garantis
à
la
production
par
la
mise
en
place
de
nouveaux
outils
de
régulation.
Même
le
semblant
de
filet
de
sécurité,
censé
agir quand
les
prix
seront
vraiment
bas,
ne
nous
nous
protégera pas.
La
convergence
des
aides
va
encore
accentuer
les
effets
négatifs
d'un
budget
agricole
Européen
appelé
à diminuer
dans
les
dix
prochaines
années.
Nous
sommes
toujours
dans
une
Europe
à
28
où
chacun,
dans
une
négociation
de
«marchands
de
tapis», essaye
de
profiter
de
quelques
avantages,
mettant
ainsi à
mal
notre
sécurité
alimentaire.
C'est
dans
ce
contexte
que
se
discute
en
France
la
nouvelle
PAC
2015-
2020,
avec
possible
révision
à
mi-parcours.
Depuis
deux
mois,
les
innombrables
réunions
ont
mis
en
évidence
que
le
ministère
de
l'Agriculture
veut
tester
sur
les
centrales
syndicales
une
gestion
purement
budgétaire
d'enveloppes
contraintes.
M.
le
ministre,
votre
réforme
n'est
pas
la
nôtre.
Vous
partez
d'un
postulat
de
rééquilibrage
des
aides entre
les
productions,
qui
a
la
modeste
ambition
de
maintenir
l'activité
et
non
de
la
développer
alors
que
l'Europe
a
perdu
son
autonomie
alimentaire
depuis
plusieurs
années.
Les
principes
de
la
CR
pour
ces
négociations
sont
simples:
équité
et
revenu
des
agriculteurs.
C'est
pour
ces
raisons
que
nous
demandons
un
découplage
total
des
aides.
Ce
découplage
ne
va
pas
permettre
aux
agriculteurs
de
vivre
de
leurs
rentes,
mais
il
va
les
libérer
du
carcan
dans
lequel
l'agroalimentaire,
soutenu
par
la
FNSEA-JA
et
l'APCA,
veut
les
enfermer,
les
réduisant
à
des
apporteurs
de
matière
première
à
bas
coût.
Une
certaine
coopération
n'étant
plus
au
service
des
agriculteurs,
nous
avons
vu
récemment
comment,
par
une
entente
illicite,
des coopératives avaient
réussi
à
faire
baisser
le
marché
au
cadran
du
porc
Breton.
Pour
gérer les enveloppes, votre ministère teste des scénarios où
entrent en jeu les planchers et les plafonds qui éliminent des
agriculteurs afin de garder un montant d'aide minimum.
Par
souci d'équité, nous demandons la suppression des plafonds et
plutôt que des planchers injustes nous vous proposons des taux
planchers de spécialisation.
Je
ne vois pas pourquoi il faudrait exclure une partie de la production
alors que depuis 1992, le revenu des agriculteurs n'a cessé de
baisser, les poussant à l'agrandissement.
Quand
on a une ambition pour un secteur stratégique, on se doit d'y mettre
les moyens. Ce n'est
pas le cas pour l'agriculture.
Le
régime des aides que nous combattons depuis 1992, arrivera à son
terme d'ici 2020 et vous savez, M. le ministre, que le libre marché
censé tout régler ne nous protégera pas dans cette mondialisation
débridée.
Même
s'il y a eu une embellie sur le secteur des céréales, 2013 est une
mauvaise année tous secteurs confondus.
Notre
métier reste lié aux aléas climatiques. Nous en subissons les
conséquences et ce n'est pas l'assurance récolte qui peut régler
nos problèmes.
Et
que penser du Fond De Mutualisation Céréalier Éleveur, prôné par
Xavier Beulin quand les céréaliers «s'en mettaient plein les
poches» alors que les éleveurs «ne s'en sortaient pas»
M.
le ministre, il n'est pas indécent que des céréaliers aient un
revenu conséquent. Ce qui est indécent c'est que les éleveurs qui
travaillent 365 jours par an perdent de l'argent.
Prenons
l'exemple du lait.
2013
devait voir les cours remonter car le marché mondial tire les prix
vers le haut.
Les
Hollandais et les Danois ont vu leur rémunération augmenter et les
Français restent les plus
mal payés car seul l'agroalimentaire tire les marrons du feu.
La
régulation Européenne que nous défendons avec l'EMB, permettrait
de faire remonter les cours au-delà de 450€ les 1000 litres, et
dans ce cas-là, le revenu des éleveurs ne serait pas indécent.
Depuis
plusieurs années, on a poussé les agriculteurs à se spécialiser
et voilà que maintenant on cherche à nous dresser les uns contre
les autres.
Dès
1992 nous avions pressenti les ravages de ces luttes professionnelles
et nous nous étions mobilisés ensemble, scandant le slogan «tous
unis».
Quel
politique responsable peut parler d'agroécologie et d'agriculture
durable, quand depuis 20 ans, 50% des agriculteurs ont quitté le
métier, qu'une majorité d'entre eux n'a plus de revenu et que nous
sommes la catégorie sociale qui a le plus fort taux de suicide
A
la CR nous pensons qu'un avenir est possible
Nous
pouvons reconquérir nos marges de production.
Dans
100€ de courses alimentaires, le coût de la production agricole à
la sortie de la ferme est de 8€ seulement.
Ce
n'est pas moi qui le dit. C'est l'observatoire des prix et des
marges, qui apporte des données fiables pour une meilleure
transparence des prix.
Si
on augmente de 40% les prix à la production, le panier de la
ménagère subira une inflation de 3,2% et la part du budget total
des ménages consacré à l'alimentation passera de 9,3 à 9,6%.
par
contre la pression fiscale, elle, s’allégera.
C'est
du niveau CM2 largement au-dessus de celui de l'ENA.
Cette
augmentation de 0,3% des dépenses des ménages c'est d'ailleurs
exactement celle que les ménages ont acceptée entre 2005 et 2008
pour consommer des TIC dont la part est passée de 4,2% à 4,5% dans
leur budget total
Votre
discours sur l'agriculture durable doit être basé sur un revenu
décent pour les agriculteurs.
Lorsque
nous avons rencontré le président de la République, nous lui avons
fait part de la dérive d'une «certaine coopération».
Vous
savez qu'elle est aux mains de la FNSEA.
Une
cogestion assumée par plusieurs gouvernements successifs a permis de
créer des groupes coopératifs qui ne sont plus contrôlés par
leurs adhérents.
Ces
outils externalisent les plus-values réalisées via des SA, plutôt
que de les ristourner vers leurs adhérents.
Il
vous suffit de regarder ce qui se passe dans la production laitière
pour vous en convaincre.
Supprimez
les avantages fiscaux dont bénéficient ces coopératives et obligez
les à revenir au principe «un homme-une voix» pour l'adoption des
grandes décisions.
Faites
entrer tous les syndicats représentatifs dans le Haut Commissariat
de la Coopération Agricole pour remettre de l'éthique dans ces
outils.
En
organisant une reprise en main par les agriculteurs de cette
coopération, vous leur permettrez de récupérer de la marge de
production de façon plus efficace que par de la
contractualisation qui les asservit.
Si
la coopération redevient le fer de lance d'une production régulée,
elle tirera le marché vers le haut et le privé suivra.
Puisque
nous sommes en Bretagne, je veux maintenant parler du modèle Breton.
Ces
dernières semaines, une actualité brûlante a mis dans la rue
diverses catégories sociales, dont des salariés de
l'agroalimentaire. Tous unis sous un bonnet rouge mais avec des
revendications différentes.
Bien
sûr, c'est une catastrophe pour les salariés de perdre leur emploi.
Ils sont devenus, avec les producteurs, la variable d'ajustement d'un
modèle agroalimentaire Breton qui se meurt.
La
mise en place de l'écotaxe a été le révélateur de l'ampleur du
malaise que vit la Bretagne.
La
CR a refusé cette taxe mal pensée dès sa création car
elle constituait un nouvel impôt sur les transports intérieurs qui
pénalise les produits agricoles.
Sa
suspension temporaire et la mise en place d'une commission
parlementaire par le premier ministre, va laisser du temps à un
dialogue plus que nécessaire.
Je
rappelle qu'à la CR nous sommes favorables à une écotaxe
intelligente qui repose sur les trois piliers du développement
durable:
Économique
: la CR prône le développement économique de la France, en
particulier celui des secteurs en mesure de créer de la valeur
ajoutée. C'est le cas de l'agriculture, si on la met à l'abri de la
concurrence déloyale permise par des transports dont le coût
n'inclut pas les impacts sociaux et environnementaux.
A ce titre,
la CR demande l'exonération totale des transports indispensables à
l'agriculture, que ce soit pour son approvisionnement ou pour ses
expéditions.
social
:
la
CR
souhaite
le
maintien
et
le
développement
de
l'emploi
réparti
de
manière
équilibrée
sur
l'ensemble
du
territoire,
afin
de
favoriser
les
circuits
courts
et
d’éviter
les
délocalisations.
L'écotaxe
ne
doit
donc
pas
s'appliquer
sur
des
courtes
distances.
environnemental
:
la
CR
demande
que
les
transports
sur
longue
distance,
qui
n'ont
comme
seule
justification
qu'une
compétitivité
de
coût
de
fabrication
ou
de
transformation,
soient
pénalisés.
C'est
le
cas
des
porcs
bretons
abattus
en
Allemagne
puis découpés
en
Bretagne.
Enfin
M.
le
ministre,
vous
devriez
convaincre
votre
ami
Dacian
Ciolos,
de
mettre
ces
portiques
aux
frontières
de
l’Europe
(si
possible
gérés
par
des
entreprises
françaises),
pour
qu'ils
permettent
de
percevoir
une
TVA
sociale
qui
rééquilibrerait
les
distorsions
sociales
et
environnementales
qui
nous
tuent.
Le
modèle
Breton,
qui
a fait
la
richesse
de
cette
région,
ne
pourra
perdurer
qu'avec
une
production
agricole
régulée
garante
de
prix
rémunérateurs.
Les
chantres
de
l'intégration,
qui
demandent
la
baisse
du
cours
du
prix
des
céréales,
sont
ceux
qui
nous
ont
mis
dans
le
mur.
Un
autre sujet nous occupe beaucoup en ce moment: la Loi d'Avenir
Agricole.
Depuis
quinze ans avec la loi «Glavany» d'orientation agricole, cinq
grandes lois auront tenté d'orienter l'agriculture. Celle-ci, comme
les autres, vient se télescoper avec la PAC et les accords
bilatéraux.
Le
«choc de simplification» annoncé à grand renfort de
communication, n'a abouti qu'à un ''mille-feuille'' de lois qui
compliquent l'exercice de notre métier et dans lequel de puissants
lobbies essayent de pousser leurs avantages.
Je
ne vais pas vous énumérer la longue liste des articles pour
lesquels nous avons suggérés des amendements aux parlementaires.
Vous pouvez les consulter sur notre
site web ou dans
nos communiqués.
Je
prendrais juste un exemple pour vous montrer que le diable se cache
dans les détails.
Dans
l'article 6 intitulé «coopératives et groupements de producteurs»,
Coop de France demande que les coopératives puissent rentrer dans
les Groupements Fonciers Agricoles.
Jacques
Laigneau fondateur de la CR disait souvent: «vous verrez, un jour
ils vous prendront vos terres». Eh bien nous y sommes! Et si la CR
n'était pas là, cet amendement passerait sans faire de bruit avec
la bénédiction de la
profession.
Enfin,
je saisi l’opportunité du projet de loi d’avenir agricole pour
rappeler certaines de nos revendications historiques:
- la libéralisation du commerce des céréales;
- l’accession de tous les syndicats agricoles représentatifs, à la négociation collective;
- la consécration du pluralisme syndical au sein de diverses instances, encore réservées à un seul courant de pensées (les établissements scolaires, le HCCA, les commissions départementales de la chasse et de la faune sauvage etc…);
- la possibilité de réaliser, pour des sociétés civiles, des prestations de service;
- la suppression du caractère obligatoire de la contractualisation;
- la mise en place de la TVA sociale
- l'instauration d'un maillage territorial en matière d'abattage afin de préserver les productions animales locales.
- l'assouplissement des modalités du tir de défense en cas de présence d'un prédateur pour les éleveurs ou bergers de montagne.
Et
maintenant, je veux venir à ce qui nous intéresse tous et doit nous
motiver : la
défense de notre
métier et de nos valeurs.
Les
dernières élections aux Chambres d'agriculture nous ont permis de
progresser et de devenir le deuxième syndicat de France.
Notre
présence sur la quasi-totalité du territoire fait de nous un acteur
incontournable dans les négociations.
Je
tiens ici à remercier celles et ceux qui prennent sur leur temps
pour défendre nos idées dans la multitude de réunions.
C'est
usant, souvent ingrat, mais tous peuvent témoigner que la pire des
politiques est celle de la chaise vide.
Tout
particulièrement en matière d'écologie, nous nous retrouvons face
à des militants acharnés, bien organisés, mais qui ont une
approche de l'agriculture déconnectée de la réalité.
Ils
ne pèsent que 2 % aux élections, mais ils veulent imposer leur
diktat au mépris de toute démocratie. Les Bretons sont bien placés
pour en témoigner.
M.
le ministre, trop d'écologie tue l'écologie, comme trop d’impôt
tue l’impôt.
Ne
vous laissez pas berner par ces écologistes citadins qui vont
jusqu'à prétendre que le miel produit par les villes est meilleur
que celui des campagnes car il n'y a pas de pesticides dans les
villes.
Votre
concept d'agriculture «écologiquement intensive» doit permettre de
remettre les agriculteurs au centre des débats car je le redis une
fois de plus nous sommes les premiers écologistes de France.
je
veux
aussi
revenir
sur
l'éthique
syndicale
qui
est
la
nôtre:
«agriculteurs,
tous
unis».
S'il
est
un
objectif
de
la
nouvelle
PAC
qui
va
être
atteint,
c'est
celui
d'opposer
les
agriculteurs
entre
eux
et
notamment
les
céréaliers
contre
les
éleveurs.
Si
certains
pensent
que
les
céréaliers
seront
les
seuls
perdants, ils
se
trompent.
Beaucoup
d'éleveurs
en
système
polyculture
élevage
vont
aussi
perdre
un
peu
plus
de
30%
de
leurs
aides.
Depuis
le
début
de
la
PAC,
le
prix
des
céréales
a
chuté,
malgré
ça,
le
cours
du
porc
n'a
pas
pu
éviter
la
faillite
de
nombreux
élevages.
Je
vous
rappelle
qu'en
des
temps
pas
si
lointains,
certains
responsables
FDSEA
Bretons
de
la
filière
porcine,
disaient
que
si
le
cours
des
céréales
ne
baissait,
pas
ils
affréteraient
des
bateaux
pour
importer
de
la
marchandise
à
bas
prix.
Tout
ça
pour
défendre
un
modèle
agroalimentaire
Breton
qui
aujourd'hui
est
en
train
de
mourir.
En
fait
notre
ministre
de
tutelle
devrait
être
Arnaud
Montebourg, le ministre
du redressement productif.
S'il
y
a
bien
une
entreprise
qui
produit
dans
notre
pays
et
qui
ne
peut
pas
être
délocalisée, c'est
la
ferme
France.
S'il
y
a
bien
une
entreprise
qui
est
capable
de
relever
des
défis
en
représentant
beaucoup
plus
d'emplois
qu'Airbus, c'est
la
ferme
France.
S'il
y
a
bien
une
entreprise
qui
produit
une
alimentation
de
qualité
avec
une
sécurité
alimentaire
exemplaire,
c'est
la
ferme
France.
N'écoutez
pas
les
mensonges
d'un
syndicalisme
cogestionnaire
dit
majoritaire,
qui
nous monte
les
uns
contre
les
autres.
Je
ne
suis
pas
celui
qui
met
une
marinière
pour
accueillir
le
ministre,
alors
que
je
préside
un
fond
qui
délocalise
et
organise
la
misère
des
agriculteurs.
Je
suis
fier
de
présider
un
syndicat
100%
agriculteurs, où
notre
souci
principal
est
le
revenu
des
agriculteurs.
Sans
agriculteurs,
il
ne
peut
pas
y
avoir
d'agriculture
prospère.
Alors
battons-nous
pour
reconquérir
nos
outils
et
nos
marges.
Tous
unis,
nous
pourrons
retrouver
des
revenus
décents
pour
faire
vivre
nos
familles, et
on
ne
nous
les
jettera
plus
à
la
figure.
Important discours... Tous pour une agriculture forte avec la CR!
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