Suite à sa mise en consultation du 5 mai 2014 au 4 juin
2014, l’arrêté établissant le Programme d’Actions Régional (PAR) en vue de la
protection des eaux contre la pollution par les nitrates d’origine agricole
pour la région Pays de la Loire est entré en vigueur le 30 juin 2014.
Le PAR permet notamment d’adapter au contexte régional les
calendriers d’interdiction d’épandage et les prescriptions de couverture
hivernale des sols, et de définir les zones d’actions renforcées ainsi que les
mesures à y mettre en œuvre.
Nous allons zoomer sur les différents points qui vont
évoluer pour les élevages vendéens avec des incidences sur la conduite des
exploitations assez fortes.
Sans surprise toute la Vendée reste en zone vulnérable et
est donc concernée par la directive nitrates. Les ZES (Zones d’Excédent
Structurel) et les ZAC (Zones d’Action Complémentaire) sont remplacées par la
ZAR (Zones d’Action Renforcée). Cette nouvelle classification englobe une
grande partie du Nord Est du département et une partie de la commune de Corpe
et de St Martin des Fontaines (cf carte).
Calendrier d’épandage
L’enjeu majeur de ce nouveau programme réside encore et
toujours par une diminution des périodes d’épandage qui va de pair avec une
augmentation des capacités de stockage des effluents. En effet, la principale
modification concerne l’interdiction d’épandages des lisiers, boues et fumiers
de volaille avant céréales. C’est un coup de poignard dans le dos des éleveurs
de porcs, de volailles, ou même de bovins qui produisent du lisier et qui vont
probablement, pour certains, devoir réaliser de nouvelles mises aux normes à
fond perdu.
Vous pouvez consulter le calendrier d’épandage complet ICI et constater par la même occasion que celui-ci
se complexifie.
Gestion des intercultures
Comme dans le précédent programme, c'est une obligation qui a pour objectif
d'éviter le lessivage hivernal de l'azote. Elle concerne les intercultures
longues, et les intercultures entre colza et céréales. Les modalités sont
résumées dans les tableaux ci-dessous.
Type d’interculture |
Interculture
comprise entre une culture principale récoltée en été ou en automne et une
culture semée à compter du début de l’hiver.
|
Interculture
comprise entre un maïs grain, un sorgho ou un tournesol et une culture semée
au printemps.
|
Type de
couverts
possibles
|
-
CIPAN,
-
culture dérobée,
- repousses de colza denses et homogènes spatialement
-
repousses de céréales denses et homogènes spatialement limitées à 20% des
surfaces en intercultures longues à l'échelle de l'exploitation
|
-
cannes de maïs grain, sorgho ou tournesol finement broyées et enfouies dans
les 15 jours suivant la récolte
-
CIPAN
|
Implantation
|
L’implantation
des CIPAN est recommandée avant le 15 septembre.
*
En cas de trois cultures successives de maïs (sauf maïs semence) sur une même parcelle et lorsque la
dernière culture n'est pas précédée d'une CIPAN, pour la 3ème année de
monoculture, l'agriculteur doit :
-
soit implanter une CIPAN sous couvert et consigner la date de semis
dans le cahier d'enregistrement (CEP),
-
soit
effectuer la mesure du reliquat post-récolte (azote total dans les 3 horizons
du sol cultivé) par tranche de 10 ha de monoculture.
|
|
Destruction
|
ØLes cultures intermédiaires piège à nitrates et les repousses de
céréales doivent être implantées au moins 2 mois (trois mois en cas de
fertilisation) et ne peuvent pas être détruites avant le 15 novembre.
Ø Pour les sols dont le taux d'argile est supérieur à 25 % et
nécessitant un travail du sol avant le 15 novembre, la destruction des CIPAN
est possible à partir du 15 octobre. Justificatifs : analyse de sol, date
d’implantation et date du travail du sol en vue de la destruction inscrites
dans le CEP.
Ø Sur les îlots culturaux destinés à l'implantation entre le 20
février et le 15 mars de cultures d'échalote, échalion, oignon, laitue ou
chicorée, et nécessitant un travail du sol précoce, la destruction est
possible à partir du 15 octobre. Justificatifs : date d’implantation et de
travail du sol en vue de la destruction inscrite dans le CEP.
ØLa destruction chimique des CIPAN et repousses est interdite, sauf
sur les îlots en techniques culturales simplifiées (TCS), et sur ceux
destinés à des légumes, des cultures maraîchères ou des cultures
porte-graines. La destruction chimique est également autorisée sur les îlots
totalement infestés par des adventices vivaces. En tout état de cause, la
destruction chimique des CIPAN, doit être postérieure au 15 janvier.
En
ZAR, elle est limitée à 20% de la SCOP spécifiquement pour les cultures en
TCS et pour les cultures porte graines.
|
Il existe tout de même des exceptions à
l’implantation de CIPAN pour tenir compte des cultures implantées et à
implanter. La dérogation majeure reste le taux d’argile présent dans le sol,
qui, à partir de 37% d’argile, permet de ne pas implanter de CIPAN si c’est
justifié. Le tableau suivant reprend les exceptions autorisées.
Liste des exceptions à
l'implantation de CIPAN
Conditions à respecter
|
Justificatifs à tenir à la
disposition de l'administration
|
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Îlots
culturaux pour lesquels la récolte de la culture principale précédente est
postérieure au 20 octobre sauf prescriptions nationales après maïs grain,
sorgho ou tournesol
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bilan
azoté post-récolte (annexe 2C)
|
|
Cultures
maraîchères primeurs récoltées après le 15 septembre et pour lesquelles une
culture de légumes primeurs est prévue avant le 20 février et nécessitant une
destruction de la CIPAN au plus tard le 15 novembre
|
bilan
azoté post-récolte (annexe 2C)
enregistrement
des dates de dernière récolte et d'implantation de la culture primeur.
|
|
Cultures
de pommes de terre primeur sur l’île de Noirmoutier nécessitant un travail du
sol avant le 15 novembre
|
bilan
azoté post-récolte (annexe 2C)
enregistrement
des dates
|
|
Sols à
fort taux d'argile
|
strictement
supérieur à 37% et zonage
|
bilan
azoté post-récolte (annexe 2C) , présence d'une analyse de sol justifiant le
taux d'argile et enregistrement des pratiques
|
zonages
du Marais Poitevin et du
Marais
Breton à teneur en argile
supérieure
à 40 %
|
bilan
azoté post-récolte (annexe 2C), et enregistrement des pratiques
|
|
dans les
zones à enjeux qualité de l’eau
|
Mise en
oeuvre du suivi du risque de lixiviation d'azote par la chambre
d'agriculture
|
|
Cultures
porte-graine à petite graines (espèces fourragères et gazon, potagères,
plantes à parfum, aromatiques, médicinales et condimentaires, plantes
florales, betterave industrielle) nécessitant un travail du sol avant le 15
novembre
|
bilan
azoté post-récolte (annexe 2C)
enregistrement
des pratiques
|
|
Îlots
culturaux faisant l'objet d'une charte ou d'un contrat dans les zones de
protection spéciale « Plaines calcaires du sud Vendée »
maintien
autorisé du chaume de céréales sur 30 % des surfaces en céréales en zone de
protection spéciale.
|
bilan
azoté post-récolte (annexe 2C)
Charte ou
contrat Natura 2000
|
A noter qu’il est
interdit de retourner des prairies de plus de 6 mois du 1er octobre au 1er
février (sauf si implantation de céréales à l’automne) et que toute
fertilisation de la culture suivant un retournement de prairies devra être
dûment justifiée en terme d’équilibre de la fertilisation azotée.
En cas de
retournement de prairies de plus de 3 ans, les apports azotés sont fortement
déconseillés sur la culture suivante.
Vous pouvez consulter
sur le blog de la CR85, les plaquettes d’information mises à disposition par la
Préfecture de Région. La première reprend en détail les différents points du 5éme
programme directive nitrates, tandis que la deuxième est ciblée sur les ZAR.
Une nouvelle fois, sous couvert de se mettre en conformité avec la
réglementation européenne, le monde de l’élevage va voir son champ d’action se
restreindre et son portefeuille se vider. En effet, soit l’exploitant réalise
de nouvelles mises aux normes sans aucune plus-value pour sa trésorerie, soit
il ne fait rien et risque de voir ses aides fortement amputées lors d’un
contrôle. L’usine à gaz fonctionne toujours à plein régime alors que depuis des
années la CR demande une mise à plat du problème « Nitrates » pour
que soit enfin prise en compte les avancées scientifiques en ce domaine. A qui
profite le crime ?
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