Pas moins de 500 agriculteurs étaient présents lors du 24e congrès national de la Coordination Rurale qui se tenait le 7 décembre dernier à Mende, en Lozère.
Quatre interventions se sont succédé au cours de la journée. Des présentations en lien avec l’actualité agricole, bien sûr, mais aussi avec les problématiques plus spécifiques au département. Ainsi, sur les 4 intervenants, deux se sont intéressés à la problématique du loup en France et à l’étranger.
Retour sur ces 4 interventions riches en informations.
François Collart Dutilleul : « L’exception agricole pour une sécurité alimentaire »
Ayant dirigé un programme de recherche en droit sur les questions internationales agroalimentaires, François Collart Dutilleul a abordé le thème fondateur de la Coordination Rurale : l’exception agriculturelle !
S’appuyant sur les travaux de Jacques Laigneau (membre fondateur de la CR) réalisés en 1993, il a souhaité élargir l’approche en parlant d’une exception agricole et alimentaire !
L’alimentation, contrairement au logement, à la santé et à l’éducation, est un besoin fondamental qui peut être délocalisé. Mais l’agriculture détenant les principales clés du développement, il est urgent de repenser les schémas actuels.
Sur le modèle de l’exception culturelle, et avec l’exemple de la Charte de La Havane il a argumenté pour la défense d’une exception agricole et alimentaire multiforme.
En concevant une Politique agricole commune protectrice, il a indiqué les différentes déclinaisons :
– propriété intellectuelle (semences, vivant commun)
– règles de concurrence (affaire des endives, par exemple)
– accès à la terre (droit foncier, contrats spéciaux)
– commerce international (limites au libre-échange)
– investissements étrangers (accaparement des terres)
– marchés financiers (freiner la spéculation)
– etc.
François Collart Dutilleul a interpellé les congressistes en indiquant qu’il fallait en premier lieu se souvenir que cela avait été possible : « pourquoi ne pas appliquer à l’agriculture ce qui a été fait pour la culture avec l’exception culturelle ? ».
S’appuyant sur les travaux de Jacques Laigneau (membre fondateur de la CR) réalisés en 1993, il a souhaité élargir l’approche en parlant d’une exception agricole et alimentaire !
L’alimentation, contrairement au logement, à la santé et à l’éducation, est un besoin fondamental qui peut être délocalisé. Mais l’agriculture détenant les principales clés du développement, il est urgent de repenser les schémas actuels.
Sur le modèle de l’exception culturelle, et avec l’exemple de la Charte de La Havane il a argumenté pour la défense d’une exception agricole et alimentaire multiforme.
En concevant une Politique agricole commune protectrice, il a indiqué les différentes déclinaisons :
– propriété intellectuelle (semences, vivant commun)
– règles de concurrence (affaire des endives, par exemple)
– accès à la terre (droit foncier, contrats spéciaux)
– commerce international (limites au libre-échange)
– investissements étrangers (accaparement des terres)
– marchés financiers (freiner la spéculation)
– etc.
François Collart Dutilleul a interpellé les congressistes en indiquant qu’il fallait en premier lieu se souvenir que cela avait été possible : « pourquoi ne pas appliquer à l’agriculture ce qui a été fait pour la culture avec l’exception culturelle ? ».
Éric COUDURIER : « Gestion comparée du Loup en Italie, en Espagne et en France »
Médialoup est un projet de médiation et de communication sur le loup. L’intervenant a présenté ce dossier qu’il a piloté et qui lui a permis de réaliser plusieurs ateliers en Italie, en Suède et en Espagne afin de mieux appréhender la problématique et la gestion du loup dans ces pays.
Contrairement à ce qui peut être annoncé dans le plan national Loup auquel il participe aux côtés de la CR, la présence du loup dans les pays voisins n’est pas un long fleuve tranquille. L’Italie, comme l’Espagne, a essuyé des refus de la commission européenne pour modifier le statut des prédateurs.
En Italie, le programme Life ibriwolf en Toscane (2015) a démontré que le taux d’hybridation était beaucoup plus important que celui estimé. Près de 30 % des loups d’Italie seraient en fait des hybrides ou des chiens errants. Si les bergers savent se protéger du loup dans les Abruzzes, la cohabitation est plus difficile dans les autres régions.
Dans la région espagnole de Castille et Léone, le loup est un atout car il procure une rente cynégétique. Il existe une taxe de quelques dizaines d’euros pour les chasseurs locaux en battue et plus de 12 000 € pour des chasseurs étrangers qui viennent réaliser des chasses à l’affût pour le trophée. L’argent est réinvesti dans les communes rurales. « La chasse au loup rapporte environ 690 000 € de recette par an. »
Contrairement à ce qui peut être annoncé dans le plan national Loup auquel il participe aux côtés de la CR, la présence du loup dans les pays voisins n’est pas un long fleuve tranquille. L’Italie, comme l’Espagne, a essuyé des refus de la commission européenne pour modifier le statut des prédateurs.
En Italie, le programme Life ibriwolf en Toscane (2015) a démontré que le taux d’hybridation était beaucoup plus important que celui estimé. Près de 30 % des loups d’Italie seraient en fait des hybrides ou des chiens errants. Si les bergers savent se protéger du loup dans les Abruzzes, la cohabitation est plus difficile dans les autres régions.
Dans la région espagnole de Castille et Léone, le loup est un atout car il procure une rente cynégétique. Il existe une taxe de quelques dizaines d’euros pour les chasseurs locaux en battue et plus de 12 000 € pour des chasseurs étrangers qui viennent réaliser des chasses à l’affût pour le trophée. L’argent est réinvesti dans les communes rurales. « La chasse au loup rapporte environ 690 000 € de recette par an. »
Patrice MARIE : « Un berger face aux prédateurs »
À l’inverse, l’intervenant suivant, Patrice Marie, a énuméré les différents postes de dépense pour la gestion de loup en France et estime son coût à 300 000 € par an et par loup !!
Patrice Marie est un berger, il se sert de l’humour pour accrocher son auditoire et au fur et à mesure il nous a fait rentrer dans la réalité sombre du monde de l’élevage et du pastoralisme, en évoquant notamment le préjudice moral sur la vie des éleveurs et des bergers. Il a rappelé que la cohabitation est impossible et rejoint les propositions de la Coordination Rurale notamment sur la révision de la convention de Berne.
Patrice Marie est un berger, il se sert de l’humour pour accrocher son auditoire et au fur et à mesure il nous a fait rentrer dans la réalité sombre du monde de l’élevage et du pastoralisme, en évoquant notamment le préjudice moral sur la vie des éleveurs et des bergers. Il a rappelé que la cohabitation est impossible et rejoint les propositions de la Coordination Rurale notamment sur la révision de la convention de Berne.
Frédéric COURLEUX : « PAC 2020 : atouts et limites des outils de gestion des risques – Assurances – Marchés à terme – Fonds mutuels »
Le dernier intervenant de la journée, Frédéric Courleux, a présenté l’intérêt et les limites des outils privés de gestion des risques (assurances, marchés à terme, fonds mutuels). Pour lui, la combinaison d’outils est préférable à l’« outil miracle ». Avec humour il a démontré que le risque des prix agricoles est un risque de nature systémique (qui touche tous les acteurs en même temps) comme si toutes les voitures étaient accidentées en même temps. On comprend bien que cela peut être catastrophique (les effets peuvent être insupportables pour les acteurs économiques). Ce risque n’est donc que partiellement assurable. Pour Frédéric Courleux, il est préférable de combiner les protections : privées, publiques et collectives.
L’intervenant a également démontré que les outils privés de gestion des risques ne peuvent pas remplacer les outils de régulation des marchés, ils ne peuvent intervenir qu’en complément. Ils n’existent que pour certaines productions et sont inefficaces en cas de succession de mauvaises années. De plus, c’est un moyen de délégitimer l’intervention publique.
Frédéric Courleux a également présenté les politiques interventionnistes des États-Unis de la Russie et de la Chine où le prix minimum du blé a été progressivement réévalué à 360$/tonne, soit 3 fois le prix français ! Mais que fait l’UE ?
L’intervenant a également démontré que les outils privés de gestion des risques ne peuvent pas remplacer les outils de régulation des marchés, ils ne peuvent intervenir qu’en complément. Ils n’existent que pour certaines productions et sont inefficaces en cas de succession de mauvaises années. De plus, c’est un moyen de délégitimer l’intervention publique.
Frédéric Courleux a également présenté les politiques interventionnistes des États-Unis de la Russie et de la Chine où le prix minimum du blé a été progressivement réévalué à 360$/tonne, soit 3 fois le prix français ! Mais que fait l’UE ?
Comme à l’accoutumée, le congrès s’est achevé par les discours de la secrétaire générale de la CR, Véronique Le Floc’h, et du président national, Bernard Lannes. Après avoir dressé un bilan des événements de l’année, ils ont tous deux appelé les agriculteurs présents à poursuivre le combat et à rester unis dans l’adversité rappelant que l’union fait la force !
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