La veille, Bernard LANNES a été réélu président pour 3 ans et Véronique Le Floc'h nouvelle secrétaire générale.
Dès l'entrée de la salle, les congressistes étaient mis dans l'ambiance avec un florilège de citations chocs de responsables syndicaux, politiques ou économiques imprimées sur des affiches.
Tout d'abord, Michel Le Pape, président de la CR37 présenta son département réputé pour sa gastronomie et ses nombreux châteaux, sans oublier d'expliquer l'historique de la CR dans son département.
L'intervention du conseiller départemental et agriculteur Vincent LOUAULT, fut très appréciée avec un discours sans langue de bois, visant la co-gestion et les coopératives. Il demande d'ailleurs que les exonérations fiscales accordées aux coopératives soient supprimées pour celles qui ne jouent pas le jeu du retour de la plus-value vers les agriculteurs.
L'écrivain et géographe Sylvie BRUNEL pris ensuite la parole pour un exposé sur "la France et ses agriculteurs : restaurer la confiance et le respect". Suite à son parcours professionnel, elle fait le constat que "l'agriculture est stratégique partout sauf en France". Pour elle, les agriculteurs sont confrontés à des attaques insensées face à leur professionnalisme et leur technicité. Elle se lança dans un long plaidoyer en faveur de l'agriculture en rappelant l’empilement des contraintes, la désinformation sur le maïs (produit deux fois plus d'oxygène qu'une forêt) et une difficile cohabitation avec les urbains suite à une méconnaissance mutuelle. Elle précise que les années de disette sont oubliées et que la paix sociale s'obtient lorsque l'on mange à sa faim. Elle rappelle en parlant des pesticides que les solutions d'hier sont devenues les problèmes d'aujourd'hui et que l'agriculture n'est pas un problème mais la solution pour nourrir tout le monde. En conclusion, elle pense que l'agriculture est un métier d'avenir pour assurer l’indépendance du pays et préserver la qualité des territoires en y associant toutes les agricultures (bio, conventionnelle). L'assistance était conquise.
Après un repas à base de produits locaux, Jean Pierre DIGARD présenta son exposé sur "regards de la société et réalités des éleveurs". Pour lui aussi la population urbaine a perdu ses racines paysannes et les rapports avec les animaux ont évolué. En effet, les animaux de compagnie sont des membres à part entière de la famille. Cette évolution crée une radicalisation des opposants qui souhaitent placer l'animal au même niveau que l'homme au nom de l'anti-spécisme, en véhiculant des affirmations mensongères. Pourtant la position de l'animal de compagnie n'est pas si enviable que ça. Ces lobbies sont très puissants et font dans la surenchère, en jouant avec les médias et les politiques. Pour lui, "trop de bien-être animal nuit au bien-être de l'éleveur". Pour clore son intervention, il insista sur le fait de ne rien céder aux opposants car ils en demanderont toujours plus. Il ne faut pas avoir peur d'ouvrir son élevage pour expliquer ce que l'on fait. Il y a un manque d'éducation et pour lui la majorité des personnes peuvent comprendre.
Le dernier intervenant, Xavier HOLLANDTS professeur de stratégie à Kedge BS fit une présentation très attendue du public que "la gouvernance des coopératives face aux transformations du monde agricole". En préambule, il expliqua que ceux qui travaillent le plus et prennent le plus de risques ne sont pas rémunérés car la valeur ajoutée est confisquée par des intermédiaires dont notamment les coopératives actuelles. Il explique qu'il a "étudié le fonctionnement d'une centaine de coopératives agricoles françaises et d'autres pays. Souvent en France, il n'y a pas de projets pour les agriculteurs. Les projets sont tournés vers le développement de l'entreprise, vers des investissements à l'étranger. Les agriculteurs ont perdu le pouvoir et la capacité d'orienter le fonctionnement des coopératives. La valeur ajoutée s'évapore dans la technostructure et les salaires".
Pour autant, il pense que les coopératives peuvent être la solution si on retrouve une gouvernance plus saine, "or aujourd'hui, les trois quarts des coopératives ont une mauvaise gouvernance », a-t-il asséné devant un public conquis. Les plus grosses coopératives sont devenues des "prédateurs".
A la question que font les syndicats ? Il conclut en précisant que "dans le paysage syndical français, certains préfèrent le statu quo (en parlant de la FNSEA). Mais si vous n'êtes pas offensifs sur ce sujet, vous allez vous faire bouffer."
Pour la première fois, Véronique Le Floc'h nouvelle secrétaire générale fit son discours de clôture. Celui-ci était totalement improvisé mais donnait les grandes lignes sur lesquelles la CR se bat et se battra durant les quelques années qui restent avant les élections chambre d'Agriculture.
Comme depuis plusieurs années, le Ministre de l'Agriculture n'était pas présent. Un sosie en carton fut donc placé près de Bernard LANNES lors de son discours de clôture pour signifier les deux dernières années fantomatiques du Ministre en terme de décisions permettant de sortir les agriculteurs du marasme. Égal à lui-même, Bernard LANNES expliqua que la CR comptait bien faire entendre sa voix lors de la campagne pour la Présidentielle 2017 en précisant " Nous allons amener les candidats dans nos fermes pour leur expliquer la situation et nos revendications".
Vous l'aurez compris, ce congrès fut un "grand cru" (Vouvray ou Bourgeuil au choix) au dire de la vingtaine de Vendéens ayant fait le déplacement.
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