Et
si on faisait de 2022, l’année des agricultrices !
Tel
est le souhait des agricultrices qui se sont retrouvées le lundi 15
novembre à Vouvant sur l’exploitation de Natacha Guillemet, élue
chambre d’agriculture et responsable de la section agricultrices de
la Coordination Rurale.
Aux
côtés de la quinzaine d'agricultrices dont Catherine Laillé, qui
est à l’origine de la section agricultrices de la CR, des élus
avaient fait le déplacement. Ainsi, Annick Billon, sénatrice de
Vendée et surtout présidente de la délégation aux droits des
femmes au Sénat, Pierre Henriet, député, Gilles Berland, maire de
Vouvant, avaient répondus présents.
Cette
journée a débuté par une visite de la ferme des époux Guillemet
avant de se poursuivre par une table ronde ouverte par le discours de
Natacha :
« ...
Aujourd’hui, comme hier, mais aussi pour demain, il est intéressant
de se poser la question de la place des femmes au sein des
exploitations. Pour certains, c’est un non sujet, un sujet très
féministe… À la Coordination Rurale, ce n’est pas une question
de féminisme, mais plutôt une question de revendiquer des droits,
déjà acquis, mais qui ont du mal à rentrer dans les mœurs. Sur
chaque mairie on peut lire : Liberté, Égalité et Fraternité.
Cette devise ne s’adresse pas uniquement au sexe masculin mais aux
deux sexes, à tous les Hommes.
La
liberté de
travailler en tant qu’agricultrice sans être rabaissée à nos
capacités physiques ou tout simplement car nous conduisons un
tracteur comme nos homologues masculins ;
L’égalité dans
l’accès aux terres, aux crédits, mais aussi aux congés maternité
et aux vacances ;
La
fraternité dans
l’écoute de nos partages d’expériences et de solutions que
chacun, chacune pourra proposer dans notre échange aujourd’hui. »
Cette
journée a permis d’évoquer plusieurs sujets. Notamment l’égalité
entre les territoires, la fin des zones blanches en zone rurale, la
mission sur l’enseignement technique agricole et les 70
propositions portées auprès du gouvernement par la rapporteuse
Nathalie Delattre.
Chacune
des femmes présente a pu partager son parcours. Leurs profils
étaient très variés : reconversion professionnelle,
installation seule, avec un conjoint ou avec ses parents, chaque
femme avait une histoire différente. Néanmoins, toutes ont relevé
des problèmes similaires.

Le
sujet de la maternité a été largement évoqué. Nous savons
qu’aujourd’hui, 41 % des agricultrices travaillent jusqu’au
terme de leur grossesse et reprennent le travail dès qu’elles le
peuvent après leur accouchement. «
Le congé maternité n’est pas une priorité pour le service de
remplacement, si on a de la chance, on nous met à disposition un
agent et s’il y a un besoin ailleurs, on nous le retire, on nous en
met un nouveau s’il y en a de disponible, alors on forme à nouveau
puis on en a marre alors on va faire le travail » explique
une agricultrice de Mayenne qui a tenté à trois reprises le congé
maternité mais qui n’en garde pas un souvenir très élogieux.
Elle conclut en disant «
qu’elles doivent gérer, alors elles le font ».
Un
autre sujet majeur a été abordé, la retraite. En effet, celle-ci
sera valorisée pour 208 000 agriculteurs, mais cette revalorisation
sera majoritairement pour les hommes. Et pour cause, en moyenne les
femmes valident 48 trimestres contre 97 pour les hommes, car elles
s’installent plus tard, ont souvent un statut bancal qui n’ouvre
aucun droit à la retraite et doivent s’arrêter pour les
enfants.
Ainsi, les femmes touchent 19 % de retraite en moins
que les hommes.
De
même, des problèmes lors de l’installation, notamment d’accès
au foncier, ont été relevés pour les femmes qui s’installaient
seules.
Cette
matinée a été très positive et a permis de créer une cohésion
entre les agricultrices qui ont pu se rencontrer et confronter leurs
situations. Les élus présents ont été à l’écoute et ont pris
les contacts des agricultrices pour, qu’ensemble, ils puissent
travailler dans le bon sens ! La Sénatrice a conclu la réunion
en précisant « l'agriculture française a besoin d'une réforme
en profondeur, comme les services de santé ».